Les Liverbirds, les demoiselles de Liverpool  
Voilà sans doute l'un des rares groupes sixties féminins dont on peut comparer (un peu) musicalement leur démarche à celle des Yardbirds. Ils ont des titres en commun et furent même involontairement des collègues de label (le 33 tours avec Sonny Boy Williamson dans son édition originale allemande figure sur Star-Club records). Et sans doute poussées par l'admiration pour les Yardbirds, elles enregistrèrent leur version de "For Your Love".
 
 

Liverpool fut pour la musique beat, ce que la Mecque est aux Musulmans. C'est bien sûr de là que partit le mouvement à la conquête du monde, mais plus encore, l'endroit servit de départ pour les croisades qui portèrent la bonne parole aux quatre coins du monde. Liverpool est certes une grande ville, mais pendant le règne de Sa Majesté Beat 1, l'endroit fut vite encombré des multiples talents qui espéraient mener un rôle à la cour. Quelques noms réussirent ce coup de poker, mais pour les autres, ils avaient soit la possibilité d'être des stars de deuxième ou troisième catégorie, ou bien de choisir l'exil et de tenter de s'établir souverains dans un royaume lointain...
Assez étrangement, c'est l'Allemagne qui servit de lieu de prédilection pour une bonne part de ces jeunes roitelets. En fait, la raison est assez simple, ce pays compte de nombreuses bases américaines qui distillent les dollars. Pour amuser ces braves soldats, rien de mieux que quelques anglais comme les Beatles, qui jouent de la musique venue de là-bas. La demande est certaine et pour les plus chanceux, la possibilité de graver quelques chansons immortelles pour un label local, est bien tentante. Un des hauts lieux de ce genre de contrat fut le Star-Club de Hambourg, qui vit défiler un nombre impressionnant de vedettes anglaises ou américaines. Les financiers étant à l'affût, ils décidèrent de créer un label Star-Club, patronné par Philips, pour permettre à ceux qui gagnèrent l'estime du public et qui étaient sans contrat, de laisser une trace de leur passage à Hambourg. Les Searchers eurent l'honneur du premier simple sous label Star-Club, mais il y en eut d'autres... Il y avait à Liverpool, cinq filles qui voulurent faire autrement que les autres. En général ses demoiselles se contentaient de rêver sur les derniers airs à la mode ou d'avoir un ami attitré au sein d'un orchestre local. Ces cinq filles voulurent aussi monter sur les planches pour exprimer leur talent.
Elles jouent chacun d'un instrument comme les garçons. Elles se produisent en concert, comme les garçons. Mais pour le reste elles se contentent d'un succès d'estime auprès des teenagers. Cet orchestre se compose de cinq filles, Irène Green (chanteuse); Sheila Mc Glory (guitare); Valérie Gell (guitare); Mary Mc Glory (basse); Sylvia Sauders (batterie). Lassées de Liverpool et de son manque de possibilités réelles, elles décident d'aller faire un tour en Allemagne, à Hambourg précisément. En petites filles sages, Irène et Sheila décident de rester à Liverpool, et c'est une nouvelle, Pamela Birch, qui les remplacera au sein des Liverbirds, assumant les deux postes vacants à elle seule. Le débarquement à Hambourg se passa plutôt bien et elles rencontrèrent assez vite un succès assez impressionnant, surtout auprès des garçons. Elles ne se contentent pas de jouer des chansons gentilles et niaises, mais au contraire elles puisent dans le répertoire de Bo Diddley et de Chuck Berry, de quoi faire vibrer les salles, en fait elles font très exactement comme les autres. Le label Star-Club s'intéresse et signe un contrat. Le premier simple est édité à l'automne 64. Il contient une reprise d'un hit de la Motown "Shop Around", qui aura un succès respectable en Allemagne. En 1965, leur premier album est "Show" et porte le numéro 4. Il contient plusieurs reprises de Bo Diddley et de Chuck Berry qui s'ajoutent à celles de "Love Hurts" (Everly Brothers); "Money" (Barrett Strong); "Got My Mojo Working" (Muddy Waters), et un original de Pamela Birch "Leave All Your Loves In The Past". S'il fallait émettre un critique, je dirais que c'est un très bel album, mais que toutes ces reprises manquent un peu de punch. C'est sûrement la faute à la technique du studio, car les concerts sont restés légendaires dans les nuits de Hambourg et étaient assurément beaucoup plus sauvages. Toutefois, c'est historiquement le premier album du genre et rien que pour ça, il mérite d'entrer dans la légende. Un simple sera extrait avec "Diddley Daddy" et le slow maison "Leave Ail Your Loves In The Past". Durant cette année qui sera un peu celle de leur sommet, elles ne cesseront de tourner un peu partout. Un second simple "Peanut Butter", un classique beat, et surtout la très charmante ballade "Why Do You Hang Around Me" de Pamela Birch, est attachant à plus d'un aspect. Cette chanson aura une édition américaine, couplée avec "Diddley Daddy" sans toutefois cartonner dans les charts. En 1966, un second album "More Of" sera édité. Il est assez égal au premier, sans faire la part belle, comme sur le premier au blues de Chicago. Nous y retrouvons "He's (She's) About A Mover" du Sir Douglas Quintet.; "Heatwave", de Martha et les Vandellas; "Long Tall Shorty" de Don Covay et plus spécialement une des premières cover de "For Your Love" des Yardbirds. J'ai eu l'occasion de faire écouter à Jim Mc Carty, batteur de cet inoubliable page d'histoire, ce que ces demoiselles avaient fait de leur premier hit. Il ne connaissait pas, mais s'est montré très intéressé et flatté. Un dernier simple "Loop De Loop"/Bo Diddley Is A Lover" servira un peu de testament à leur carrière musicale. Notons encore, une triomphale tournée au Japon en 1968 et la mariage de Mary avec Frank Dostal, un membre des Rattles, beat band no 1 en Allemagne.
En 1968 toujours, sous le nom de Gilded Cage, un groupe féminin enregistra deux 45 tours pour le label Philips "Long Long Road/Baby Grumbling" et ""My Bonnie/Hair". D'après les photos des pochettes, il semblerait qu'il s'agisse des Liverbirds dans une version vestimentaire hippie. S'il s'agit bien des mêmes personnes, la rareté de ces deux publications est elle bien réelle.

A la fin des sixties, elles se sont séparées, chacune allant vivre sa vie à sa manière. Toutefois la redécouverte ne tardera pas. Tout d'abord, les compilations du Star-Club Anthology au milieu des seventies, ne les oubliera pas. Ensuite quelques années plus tard le label Line rééditera leur premier album. Ensuite ce sont l'apparition des CDs, l'intégrale des singles Star-Club (12 cds) et enfin Répertoire qui réédite tout le matériel sur deux CDs

DISCOGRAPHIE

45 tours simples, Allemagne
1964 - Shop Around/ It's Got To Be You. Star-Club STF 148508.
1965 - Diddley Dadddy/ Leave All our Loves In ThePast. Star-Club STF 148526
1965 - Peanut Butter/ Why Do You Hang Around Me. Star-Club STF 148528
1966 - Loop De Loop/ Bi Diddley Is A Lover. Star-Club STF 148554

45 tours simples, USA
1965 - Why Do You Hang Around Me/ Diddley Daddy. Philips 40288

33 tours, Allemagne
1965 - STAR-CLUB SHOW 4 - Johnny Be Goode/ You Can't Judge A Book By Looking At
The Cover/ Love Hurts/ Money/ Too Much Monkey Business/ Roadrunner/ Diddley Daddy/
Hands Off Before You Accused Me/ Leave Ail Your Loves In The Past/ Got My Mojo Working.
Star-Club 150003 STL mono; STY stéréo.
1966 - More Of - Peanut Butter/ It's So Exciting/ He Hardly Call Me Honey Anymore/ For Your
Love/ Oh No Not My Baby/ Around And Around/ Down Home Girl/ He's Something Else/
Heatwave/ Why Do You Hang Around Me/ He's About A Mover/ Long Tall Shorty. Star-Club
140021 STL stéréo.
Rééditions
80's
LP Line records - Star-Club Show 4.
90's
CD Repertoire records - Star-Club Show 4 + bonus premier 45 trs.
CD Repertoire records - More Of+ bonus 4 ème 45 trs.

   
Une carte postale de 1965
 
 
En couverture de Star-Club News  
 
 
 
Les deux albums
des Liverbirds parus
en Allemagne en 1965
et 1966 et le dernier
single de 1966
 
Video en live des Liverbirds DIDDLEY DADDY