PENDANT CE TEMPS   DEUXIEME PARTIE - SESSIONS
 

La page Williamsom en partie tournée, les Yardbirds peuvent repartir faire leur propre cuisine. A ce point de leur carrière, ce qu'il leur manque le plus, c'est un contrat avec une maison de disques. Gomelsky y pense justement. Pour avoir une chance d'obtenir une audience, il est nécessaire de pouvoir présenter une carte de visite sous forme de quelques témoignage sonores. Dans le RG Jones studio, ils ont la possibilité d'obtenir via les bons soins de Gomelsky et Lippman, une séance d'enregistrement. Il est prévu de réaliser deux titres, "Boom Boom" de John Lee Hooker et un original de Relf "Honey In Your Hips" inspiré de Bo Diddley. Comme il reste encore du temps, il profitent pour attaquer le "Talkin' Bout You" de Chuck Berry. Lors d'une autre session au même endroit, sous la houlette de Mike Vernon et Decca qui semble intéressé, c'est un autre classique "Baby What's Wrong" de Jimmy Reed, qui est réalisé. Toujours dans le même but, une troisième séance a lieu en janvier 1964. Cette fois-ci ils mettent en forme "I Wish You Would" (Billy Boy Arnold), "A Certain Girl" (Benny Spellman- Ernie K Doe), "You Can't Judge A Book By Looking At His Cover" (Bo Diddley).

Tous ces enregistrements, sauf "You Can't Judge", verront jour sous une forme ou une autre au fil du temps, mais ils ne contiennent encore aucun enregistrement que l'on pourrait classer d'officiel. Après la tournée des maisons de disques effectuée par Gomelsky, il reste deux compagnies intéressées, Decca et Columbia. C'est finalement Columbia qui l'emporte et qui signe le contrat. Avec le recul, si l'on s'en tient uniquement au niveau de la légende, ce fut un bon choix. Decca avait pris l'habitude de signer des groupes à tour de bras après avoir refusé les Beatles. Si les groupe n'obtenait pas un succès presque immédiat, souvent la voie de garage s'offrait à eux. De plus, la maison consacrait une bonne partie de ses efforts, maintenant et par la suite, aux Rolling Stones, qui explosaient littéralement. Comme nous le verrons par la suite, ce choix leur permit sans doute de rencontrer les bonnes personnes au bon moment, coup de pouce parfois nécessaire au départ ou au prolongement d'une carrière. Certes, tout ne fut pas parfait avec Columbia, mais ils n'eurent pas trop l'occasion de regretter ce choix.

 

ON ECOUTE

Hippy Hippy Shake

I Only Want To Be With You

Glad All Over

I Wanna Be Your Man

Stay

I'm The One

Diane

Needles And Pins

5-4-3-2-1

I Want To Hold Your Hand

Baby Love

Not Fade Away

Bits And Pices

Can't Buy Me Love

Anyone Who Had A Heart

Just One Look

My Boy Lollipop

World Without Love

Don't Throw Your Love Away

Juliet

Everything's All Right

ET ON PARLE D'EUX

Swinging Blue Jeans

Dusty Springfield

Dave Clark Five

Rolling Stones

Hollies

Gerry and the Pacemakers

Bachelors

Searchers

Beatles

Manfred Mann

Supremes

Cilla Black

Millie

Peter and Gordon

Four Pennies

Mojos

 

 

 
    PREMIER SINGLE ET PREMIER ALBUM
   

Les concerts gagnent aussi en notoriété. Ils obtiennent une résidence au Marquee Club, très en vue dans la capitale anglaise. Quand il n'y sont pas, ils ont des dates dans d'autres endroits. Presque chaque soir, ils sont en concert. Mais maintenant, ils doivent aussi répondre aux rendez-vous fixés par Columbia. Il s'agit maintenant de mettre en boîte le premier single. Le choix est vite fait, ce sera "I Wish You Would" et "A Certain Girl" dans de nouvelles moutures. Le premier est parfait, pas très commercial, mais attachant. Le second est une bonne interprétation, nettement meilleure que celle que firent les Pararmounts à la même époque. Ils ont malgré tout de la peine a reproduire en studio ce qu'ils réussissent si bien sur scène. Par la suite, ils surmonteront cet handicap sans problème. Le single ne fut pas une grosse vente et c'est sans doute un des plus difficiles a dénicher.

Le rhythm and blues devenant de plus en plus populaire, un des premiers festivals du genre a lieu à Birmingham en fin février 1964. Là se produisent quelques uns des adaptes de cette musique, les plus en vue du moment. Ce sont pour la plupart encore des vedettes de seconde zone, mais promises à un plus ou moins bel avenir. Nous retrouvons les Yardbirds avec Sonny Boy Williamson, mais aussi Long John Baldry et les Hoochie Coochie Men, le Spencer Davis Group et les Roadrunners. Une compilation des bandes enregistrées lors de ce festival verra le jour en 1972 sur le label Byg en France. Pour Sonny Boy Williamson ce sera un peu le chant du cygne. De retour aux Etats-Unis, la tuberculose finira par l'emporter le 25 mai 1965. Nous l'avons vu, les Yardbirds sont surtout des bêtes de scènes à cette période. Le pas suivant devient une suite logique, l'enregistrement d'un album live. Ce sera le fameux "Five Live Yardbirds", enregistré le 20 mars 1964 au Marquee Club, tout de suite après l'aménagement de la salle à sa nouvelle adresse. Avec le temps il deviendra un solide témoignage de cette période, pas seulement pour le groupe, mais pour la musique en général. Sans être un chef d'œuvre technique d'enregistrement, il met en plein dans le mille en captant ce dont les Yardbirds sont capables sur scène. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'ils en veulent au fil des sillons. Uniquement constitué de reprises, mais la plupart d'entre elles seront mises en lumière grâce à cet album. Après un trépidant "Too Much Monkey Business" de Chuck Berry , "Got Love If You Want It" (Slim Harpo), Somestack Lightnin' (Howlin Wolf), "Good Morning Little Schoolgirl " (Sonny Boy Willamson I), "Respectable" (Isley Brothers), "Five Long Years" (Eddie Boyd), "Pretty Girl" (Bo Diddley), "Louise" (John Lee Hooker), I'm A Man" (Bo Diddley), "Here Tis" (Bo Diddley), témoignent de l'ambiance surchauffée qui règne au fil du concert. Oublions les bandes avec Sonny Boy Williamson II, cette fois-ci Clapton est bien présent et s'affirme comme l'un des guitaristes marquants de cette période. Il n'y a pas vraiment de titre à mettre en lumière, tout est bon, si ce n'est que "I'm A Man" restera toujours un titre du répertoire au fil des ans et que "Smokestack Lightnin'" est admis par Howlin Wolf, comme une des meilleure versions de son standard. On ne peut qu'admirer la cohésion qui règne dans l'ensemble et il y a peu d'albums de cette période qui peuvent prétendre s'aligner sur celui-ci. En plus du témoignage le plus probant de Clapton à ses débuts, il explique pourquoi l'avenir va en faire un groupe si prometteur. Le seul défaut, qui n'en est pas vraiment un, c'est le manque total de potentiel commercial de ce genre de publication. Rien qui puisse commercialement concurrencer les Beatles. Même si les quelques fans présents ce soir là, ont acheté une copie, cela ne représente pas assez pour en faire un best seller. Pourtant le disque sera pratiquement toujours présent au catalogue de EMI, bien sûr aidé par les innombrables fans de Clapton désirant remonter aux sources.

1 er single US intitulé "I Wish You Could"

 

 
 
1 er LP UK "Five Live Yardbirds" dans son édition originale
 
   
   
   
   
Les Yarbirds au Marquee Club en 1964 avec Eric Clapton
Photos Copyright by Marty Pinker used with kind permission
   
La popularité des Yardbirds commence gentiment à se répandre à travers l'Angleterre. Les disques enregistrés qui sont planifiés, mais en fait pas encore sortis ne sont pour rien dans ce gain de popularité. Ils ont l'occasion de se produire dans des endroits renommés du pays, comme le fameux club de Liverpool, The Cavern et le Club A Go Go, fief des Animals, à Newcastle. Au mois de mai, le premier single est mis sur le marché, tel qu'il a été enregistré plus tôt. A part un apparition dans les charts de la revue New Musical Express, une référence malgré tout, le disque ne se classe pas. Heureusement il attire quand même l'attention et ils peuvent se produire à la télévision en interprétant leur single et "Louise" qui fait partie de leur répertoire comme nous l'avons vu dans leur premier album. Maintenant il sont occupés partiquement par un concert tous les soirs, à Londres et ailleurs. Giorgio Gomelsky qui sent que la machine commence à bien tourner, se prépare pour le futur. Il cherche des débouchés sur le marché international. En tant que producteur indépendant, il en a le droit, mais c'est lui qui doit faire le travail. Une certaine logique voudrait que les enregistrements de Columbia sortent sur ce label, partout où il est implanté. La première idée, pour un producteur anglais, c'est bien sûr le marché américain. En 1964, les groupes anglais font des ravages, les Beatles notamment, d'un bout à l'autre des Etas-Unis. Le groupe EMI dont dépend Columbia, est représenté par Capitol. Bien sûr, en ce moment, la popularité des Yardbirds n'est pas assez grande pour que Capitol daigne signer un contrat exclusif. Gomelsky finit par négocier avec Epic en juillet, ce qui fait que toute la discographie US des Yardbirds sortira sur ce label, de leur vivant. Ce sera la plus abondante. Le travail de Epic ne sera pas toujours à la hauteur, comme dans pas mal d'autres pays, la France y compris. Des erreurs grossières seront commises au niveau des titres et des photographies, ne respectant pas toujours la composition du groupe concerné par la publication. La première erreur sera le fait de Epic, qui sort le single anglais en orthographiant le titre principal " I Wish You Could" au lieu de "Would", au mois d'août. Des copies correctes seront mises sur le marché après. Sorti avec une pochette photo, les premiers tirages sont un des points d'orgue des collectionneurs aujourd'hui. Très difficile à dénicher.A noter qu'une publicité pour des chaussettes est au verso de la pochette. On sent le marqueting à l'Américaine. suite