En mars est publié le single qui va faire d'eux des vedettes. C'est bien sûr de "For Your Love" qu'il s'agit, couplé au fameux "Got To Hurry". Immédiatement la face principale devient un hit international. Il est no 3 en Angleterre et no 1 dans quelques revues musicales. Il fait aussi un gros score aux USA et monte à la sixième place. Il se classe également très bien dans de nombreux pays et maintenant plus personne n'ignore qui en sont les interprètes. Giorgio Gomelsky peut négocier des contrats de licence avec les personnes intéressées et il y a du monde. Maintenant, EMI est drôlement plus intéressé que six mois auparavant. Toutefois une partie du marché échappera à son influence. Citons quelques exemples. En France ce sera Barclay, sur label Riviera, qui publiera la discographie. L'Allemagne sera avec Epic, comme les Etats-Unis, la maison éditrice. L'Italie publiera sur le label Ricordi/International. Ces différences de distribution auront une certaine influence sur la discographie future. Le hit deviendra au fil des ans un classique incontournable des sixties. De nombreuses versions seront enregistrées par divers artistes et époque. Un des premiers à s'y coller fut Larry Williams, qui la même année en fit une reprise assez intéressante sur son album "The Larry Williams Show" publié chez Decca. Pour la France, ce fut Monty qui l'adapta en français "Une Fois", titre qui se classa dans le hit parade de Salut les Copains. Les Liverbirds, le fameux groupe féminin très populaire au Star-Club de Hambourg, l'inclut aussi dans son second album "More Of". Le compositeur Graham Gouldman fit aussi son interprétation, ainsi que Herman's Hermits qui bénéficièrent également de la manne de Goulman avec leur hit "No Milk Today". Plus tard, Fleetwood Mac essaya de le remettre au goût du jour sur l'album "Mystery To Me", en 1973. En 1978, ce fut un nouveau hit dans les discothèques avec la très longue version du groupe Chilly, une des machines de la disco allemande. Il fut également mis en images, ce que l'on appelait pas encore un clip, avec les Yardbirds apparaissants en chevaliers revêtus d'armures. Ce clip semble avoir disparu de la circulation.

Le succès arrivé, ils doivent assumer tous les obligations de vedettes. Rien de désagréable, si ce n'est un emploi de temps surchargé, avec apparitions télévisées, concerts dans les salles bondées et séances de dédicaces. Ils trouvent quand même le temps de retourner en studio pour la suite du programme. Graham Goulman est de nouveau sollicité pour le prochain single. Il a justement un nouveau tour de magie à leur proposer, un titre qui s'appelle "Heart Full Of Soul" et qui s'annonce très prometteur. Dans un premier temps, ils pensent qu'un sitar pourrait mettre une touche exotique et progressive dans la mélodie. Le résultat n'étant pas satisfaisant, la version est écartée au profit de celle où Beck imite le sitar avec sa guitare. C'est là une des premières manifestations de son art de tirer parti de chaque situation. Le résultat final est éclatant. Certes le compositeur est de première force, mais les interprètes savent, et comment, mettre en valeur ses compositions. Parmi ceux qui créérent des hits avec sa signature, Hollies, Herman's Hermits, Wayne Fontana, aucun ne parviendra a égaler la maestria des Yardbirds, avec quand même un bon point pour les Hollies au niveau des vocaux. On n'ose imaginer ce qu'ils auraient fait avec "Bus Stop" ou "No Milk Today". Sans aucun doute, il seraient gravés dans notre mémoire d'une manière complètement différente. Les Yardbirds auront le mérite de proposer à chaque fois un hit absolument différent des précédents. Le sens des paroles dans les premiers tubes tourne autour des histoires d'amours malheureux ou impossibles. Dans "Heart Full Of Soul", ce côté triste est encore réhaussé par les choeurs grégoriens qui appuient la mélodie. La guitare griçante et distorsionnée de Beck est un vrai régal d'originalité pour cette époque. Il ne faisait aucun doute que le succès serait au rendez-vous. Il le fut en frôlant la première place du hit parade anglais. Aux USA, il fit une honnête 9 ème place. A nouveau, il fut écouté dans le monde entier. En France, Thierry Vincent en fit un succès modeste avec son adaptation, "Je Ne Peux Pas L'oublier". Il faut quand même souligner que l'original passa beaucoup plus sur les ondes radiophoniques. Le groupe allemand des Blizzards en fit aussi une adaptation, "Ohne Dich". Il est également devenu un classique sixties souvent revisité dont les versions les plus appréciées restent celles de Robert Gordon et Chris Isaak. La face B "Steeled Blues", est un instrumental lent inspiré du style d'Elmore James. Beck prouve avec ceci, qu'il pouvait se mettre dans la peau de Clapton et lui faire une certaine ombre.

ON ECOUTE

I Feel Fine

Yeh Yeh

Downtown

Terry

Girl Don't Come

Cat Your Fate To The Wind

Go Now

Ferry Cross The Mersey

Tired Of Waiting For You

You've Lost That Loving Feeling

I'll Never Find Another You

For Your Love

Good Bye My love

Baby Please Don't Go

Leader Of The Pack

Game Of Love

Don't Let Me Be Misunderstood

The Last Time

ET ON PARLE D'EUX

Yardbirds

Beatles

Petula Clark

Georgie Fame

Twinkle

Sandie Shaw

Sounds Orchestral

Moody Blues

Gerry and the Pacemakers

Kinks

Righteous Brothers

Them

Shangri Las

Wayne Fontana and the Mindbenders

Seekers

Searchers

Animals

Rolling Stones

De ces sessions studio sortirent également trois titres prévus pour être publiés en EP. Le premier, "My Girl Sloopy", est une version beaucoup plus hard du hit des Mc Coys "Hang On Sloopy", de près de six minutes. Un rien destinée à ajouter un potentiel commercial au EP, elle surclasse l'original sans problème. Par contre les deux autres titres sont bien plus du pur Yardbirds. Emprunté à Mose Allison, "I'm Not Talking" confirme que Beck est un grand guitariste qui n'a pas les mains qui tremblent. Pour ceux qui pourraient encore en douter, "I Ain't Done Wrong", encore plus pugnace, devait lever les derniers doutes. Ces trois titres feront leur apparition sur les EP "Five Yardbirds" en Angleterre et en Autralie, sous un même emballage.

Les Yardbirds font un premier voyage en France où ils jouent en ouverture des Beatles au mois de juin interprètent les hits et notamment "I Wish You Would", un témoignage qui circule plus ou moins officiellement sur certains CD's pour ce dernier. Les USA, satisfaits des deux derniers succès, publient le premier album. Il est en fait une sorte de compilation dans lequel on retrouve les 3 premiers singles ainsi que les titres qui n'ont pas encore fait l'objet d'une publication soit "Sweet Music","Putty In Your Hands", complétés par les EP anglais "Five Yardbirds". La pochette est assez fantaisiste dans son recto, où Beck est présenté devant un clavier, alors qu'il n'en joue pas et qu'en réalité il ne participe qu'à trois des enregistrements. Plus intéressant pour les collectionneurs sont l'édition italienne avec deux versions différentes, l'une de "I Wish You Would", beaucoup plus longue que celle du single et l'autre, "A Certain Girl", dans laquelle on entend la voix de Gomelsky dire "noooo". Ce pressage fait abstraction de "Good Morning Little Schoolgirl" remplacé par "Heart Full Of Soul". Il présente également une photo de Relf différente de l'édition US et un cadre rouge au lieu de violet. A noter que cette édition est extrêmement rare. Dans sa version US, le disque est relativement facile à trouver, du fait de ses ventes honorables, mais il en existe des contrefaçons, sorties dans les années 70. Ce sont celles-ci que beaucoup de fans viennent faire signer dans les concerts en croyant détenir des originaux. suite