PENDANT CE TEMPS   DIXIEME PARTIE - LA FIN DE JEFF BECK
 

En août, ils retournent aux USA pour une séries de concerts. Au niveau de ceux-ci, les Yardbirds ont le plus souvent dû se contenter de salles secondaires, dans des villes secondaires sur le sol US. C'est avant tout un mauvais choix des managers, et sans doute un manque d'habilité de leur part. Mais à leur décharge on peut aussi admettre que le marché est très encombré et les grandes salles n'attirent pas seulement les rois de la pop. De plus, une tournée réussie doit pouvoir enchaîner les dates et les salles disponibles de manière efficace. C'est sans doute facile avec les Beatles, mais les Yardbirds ne peuvent pas rivaliser dans ce domaine. Il y aura quand même une apparition à San Francisco et Los Angeles. Depuis quelques temps, une dissention se fait sentir entre Beck et ses collègues. Il se plaît bien en Californie, mais pas tellement pour y jouer de la musique. Il est le copain d'une petite actrice qui n'a pas laissé des traces indélébiles dans l'histoire du septième art, Mary Hugues. Il n'est pas toujours présent au moment où il faudrait qu'il soit là et les autres enragent. Les Yarbirds, à ce moment là, ont plus ou moins décidé de remanier la composition du groupe. Ils aimeraient essayer de tourner avec deux solistes, Chris Dreja assurant le rôle de bassiste. Déjà quand Beck est en retard ou absent , Page assume le rôle de soliste seul. Ce n'est pas tellement un problème pour lui, mais quand même un peu nuisible à l'image de la bande. C'est ici que Keith Relf profite de son séjour pour mettre en route son second disque solo, "Shapes In My Mind", dont on a vu plus haut le peu de succés rencontré.
La nouvelle formation remaniée sera surtout visible durant la tournée anglaise d'une vingtaine de jours qu'ils firent avec les Rolling Stones et Ike et Tina Turner au début de l'automne après leur retour en Angleterre. Avec Beck, les choses ne vont pas en s'arrangeant, il est de plus en plus distant. Heureusement, dans une sorte de cadeau d'adieu, le monde entier pourra encore les voir, même aujourd'hui, jouer ensemble. Le manager réussit à leur décrocher une apparition dans le film culte de Michelangelo Antonioni "Blow-Up". Ce film est très représentatif sur la manière de vivre en 1966 en Angleterre, par une certaine jeunesse branchée. Souvent les stars musicales ont dû se contenter de figurer dans d'honorables navets, plantés par d'honorables jardiniers, à défaut de véritables cinéastes. Pour une fois, c'est tout le contraire qui se produisit. Quel groupe pop a tourné dans un film qui a remporté le festival de Cannes? Les Yardbirds! Les vedettes en sont David Hemmings, qui s'essaiera aussi à la musique plus tard, Vanessa Redgrave, Sarah Miles. On peut noter aussi les noms de Jane Birkin et Gillian Hills, deux noms qui sont connus en France. Pour parler de ce qui nous intéresse de plus près, revenons un peu en arrière. Pour tourner son film, Antonioni a besoin d'un groupe qui joue sur le scène d'un club. Il semblerait que les Yardbirds ne furent pas sa première démarche, bien que finalement ils furent retenus. Leur première idée fut de choisir un morceau original, mais le cinéaste connait le groupe et adore leur version de "The Train Kept A-Rollin". Finalement ce titre est gardé, mais avec de nouvelles paroles, il devient "Stroll On" dans une version différente, autre temps fort de leur discographie. Ils apparaissent dans le film pour, à peu près, la durée de la chanson. Ils figurent un groupe en concert sur scéne. Pour le spectacle, Beck pris de rage à la suite d'une sono défectueuse, casse sa guitare et jette le manche dans la foule. Précisons que ce n'est pas sa vraie guitare et que pour les besoins du film, la scène est jouée en playback. La formation présente est celle actuelle avec Page à la basse. Pour beaucoup, cela restera le temps fort du film, bien que ce n'est pas uniquement ce passage là qui le fit consacrer à Cannes et ailleurs. Si modeste leur passage soit-il, ils figurent en bonne place dans la bande annonce du film et bien sûr sur la bande sonore du film. Sortie chez MGM, l'album fait la part belle à Herbie Hancock, principal responsable de l'ambiance sonore du film. Pour les Yardbirds, ce film n'ajoutera rien au niveau de la gloire, sinon d'avoir participé à l'illustration d'une époque, d'une manière de vivre, à laquelle ils ont contribués.
En octobre, les Yardbirds retournent aux USA. Il est question de nouveaux enregistrements. En réalité c'est un spot commercial qui est réalisé sous le nom de "Great Shakes". Il vante un soda sur l'air de "Over Under Sideways Down". Ensuite, vers la fin octobre, ils partent avec Gary Lewis et les Playboys, Sam The Sham est ses Pharaohs, Brian Hyland, pour une tournée qui ne se passe pas très bien. Les dissentions entre Beck et les autres se font de plus en plus présentes. Il plaque tout et retourne à la maison. Les autres continuent à quatre et c'est Page qui assure l'essentiel du travail de Beck et Dreja prend la basse. A la fin de la tournée, il est officiellement viré.
C'est donc un quatuor qui retourne dans les studios anglais (en réalité un trio Relf est absent), un peu avant Noël pour une session produite par Paul Samwell-Smith. On voit réapparaître Graham Gouldman, qui comme compositeur, continue d'aligner des tubes avec les Hollies et Herman's Hermits. Il n'amène pas de nouvelle composition miracle avec lui, mais propose une chanson qu'il a enregistré avec son groupe, les Mockingbirds, "You Stole My Love". Publié sur Immediate, un label qui commence à flamber, le disque n'a pour autant connu aucun succès. C'est un assez bon titre, mais très en retrait par rapport à ce que les Yardbirds sont capables de faire et cela ne les inspirent pas vraiment. Il est finalement mis en boîte sous forme instrumentale avec dans la même veine un autre titre "LSD". Ils ne seront jamais complétés et sortiront plus tard tels quels, de manière anecdotique.

ON ECOUTE

Yellow Submarine

Eleanor Rigby

All Or Nothing

Just Like A Woman

Got To Get Into My Life

Little Man

Winchester Cathedral

Bend It

Sunny

I'm A Boy

Have You Seen Your Mother Baby Standing In The Shadow

Reach Out I'll Be There

Stop Stop Stop

No Milk Today

Semi Detached Suburban Mr James

High Time

ON PARLE D'EUX

Beatles

Small Faces

Manfred Mann

Cliff Bennett

Sonny & Cher

New Vaudeville Band

Dave Dee Dozy Beaky Mick & Tich

Bobby Hebb

Who

Rolling Stones

Four Tops

Hollies

Herman's Hermits

Paul Jones

 


 

 
 
   
L'affiche du film
 
   
Le disque publicitaire "Great Shakes"
 
Graham Gouldman
 
   
    MICKIE MOST
   
Au début 1967, la situation est assez ambigue. Le dernier disque n'a pas tellement marché, le producteur pas toujours présent et efficace, de plus le guitariste innovateur n'est plus là. Il est de plus en plus question de repartir dans une autre direction avec un nouveau producteur. C'est finalement un des plus connus d'entre eux, Mickie Most, qui va s'occuper de l'affaire. Avant d'être un producteur heureux, il fut lui-même un chanteur expatrié en Afrique du sud et connut un succès fracassant là-bas. De retour en Angleterre, il finit par devenir producteur, n'arrivant pas vraiment à concrétiser sa popularité de chanteur dans son pays natal. Quand il s'occupa des Animals, ils alignèrent des hits gros comme des maisons. Il poursuivit avec Herman's Hermits, ces derniers faillirent mettre un terme à la suprématie des Beatles en Amérique. Maintenant qu'il a sa place bien en vue dans le monde des producteurs, il veut des résultats. Pour cela, il recherche l'efficacité avant tout. L'image de marque des Yarbirds va quelque peu changer sous sa direction. Jimmy Page le connaît bien, il a souvent participé à ses enregistrements. C'est peut-être le plus favorable à sa venue, mais il se rendra bien vite compte que le chanteur et le producteur ne sont pas exactement la même personne. A la limite, Most ne s'intéresse pas tellement aux grands changements en train de se produire. La recherche de nouveaux sons lui paraît moins importante que la recherche de nouveaux hits. Les nouveaux changements vont quand même apporter une note beaucoup plus positive pour les Yardbirds. Le management est confié à Peter Grant, un très ancien collaborateur de Most. Lui, c'est un homme très sérieux dans son boulot. Il va s'occuper de manager le groupe afin que celui-ci profite un peu plus de sa notoriété. Finalement, les membres vont enfin gagner avec lui, ce qui pourrait ressembler à des rentrées d'argent plus en rapport avec leur notoriété. Dès la fin 1966, ils retournent aux USA, en Asie, en Australie et finiront au printemps par tourner dans les contrées de l'Europe du Nord. suite
Mickie Most au temps où il chantait