PENDANT CE TEMPS   NEUVIEME PARTIE - SOLO, UN DEPART, JIMMY PAGE
 

Le passage de la production entre les mains de Napier-Bell marque le premier essai de Keith Relf dans une tentative de carrière solo sous sa houlette. Co-produit avec Samwell-Smith, peut-être en réalité par Gomelsky mais non crédité, un premier single sort assez discrètement en mai 66. Le choix de Relf s'est porté sur une chanson de Bob Lind, "Mr Zero". Ce chanteur, venu du folk, après quelques titres chez Folkways, connait un soudaine notoriété avec "Elusive Butterfly". Le titre est un succès des deux côtés de l'Atlantique. Publié sur World Pacific aux USA, chez qui il enregiste entre autres, la chanson qui nous intéresse. Elle ne se démarque pas trop de ce qu'aurait pu enregister un Bob Dylan ou un Donovan. Chanson calme et mélodieuse, elle convient bien à Relf qui l'enregistre et la présente avec sa composition "Knowing". Le disque ne fera pas un score exceptionnel, entrant juste dans le fond des charts britanniques. Avec la même équipe de production, il fera encore une autre tentative, plus intéressante, vers la fin de l'année, "Shapes In My Mind". Un essai beaucoup plus proche de l'actuelle démarche des Yardbirds. L'autre face composée par le producteur en titre, "Blue Sands" est en réalité le groupe Outsiders (pas les Américains), mais crédité à Relf. Il n'aura aucun retentissement et est de loin le plus rare des deux..Une certaine confusion régnera l'année suivante, spécialement en France et aux States, où un certain Keith tient un tube avec "98.6". En fait il s'agit d'un tout autre chanteur, mais pendant un temps le doute fit croire qu'il avait enfin obtenu un tube. Une autre tentative en solo, est attribuable à Jeff Beck. Ce n'est à proprement parler du vrai solo, mais la réunion des quelques futurs maîtres de la pop music. A ses côtés nous trouvons, Jimmy Page, John Paul Jones, Nicky Hopkins et Keith Moon. Ils sont un peu là, plus pour le fun que dans la véritable intention de monter un nouveau groupe. Le fil conducteur de cette session tourne autour de très connu "Bolero" de Ravel, dans une version plus moderne que classique. La mise en boîte achevée, le titre sera conservé et verra le jour plus tard sous le nom de "Beck's Bolero".
Pendant que l'album étale ses splendeurs dans le bac des disquaires anglais, les Américains et les Canadiens décident de lui donner une édition nationale, avec chacun une pochette différente de l'originale. L'Angleterre édite même un EP, avec quatre extraits de l'album, emballés dans une reproduction en négatif du dessin de Dreja. Sans trop savoir pourquoi, il deviendra une des publications les plus atrocement rares de leur discographie, à peine plus accessible dans une publication indienne et identique. La France sortira également son quatre titres, avec le hit et au verso, le premier single de Relf. Le montage photographique servira pour le second LP Riviera, équivalent du tirage anglais. Cela, c'est l'actualité la plus visible, mais dans les coulisses d'autres choses se décident. Paul Samwell-Smith décide de mettre une fin à sa carrière de musicien et interprète au profit de la production. Il est surtout lassé des incessantes tournées que le groupe doit assumer. Il ne part pas fâché et continuera de collaborer pendant de longues années avec ses anciens amis dans divers projets musicaux qui feront suite à la dissolution des Yardbirds. Il reprendra du service et sa basse dans sa participation dans Box Of Frogs, réunion des anciens combattants. En tant que producteur, nous verrons le détail plus loin, la première chose qui vient à l'esprit est l'envol de Cat Stevens et sa "Lady D'Arbanville, ainsi que la suite. Le remplaçant est vite trouvé en la personne de Jimmy Page, après son premier refus, qui devient officiellement le nouveau bassiste au début de l'été 1966. Dans le contexte de l'époque, il n'obtient que cette place, car il n'est de loin pas une vedette. Ici la vedette c'est Beck et le choix offert est la place libre du partant. Pourtant Page est un soliste accompli. On retrouve de nombreuses traces de ses participations, souvent anonymement, comme musicien de ssession. Sous cet angle, son jeu de guitare est connu de bien des jeunes fans de musique. Son palmarès est pour le moins impressionnant et il n'est âgé que de 22 ans. Combien de musiciens peuvent se vanter d'avoir eu Page comme accompagnateur? Pour une fois ils sont nombreux. Auprès des collectionneurs, le moindre accord de lui authentifié, fait monter la cote des plus obscurs interprètes. Nos chanteurs français ne font pas exception à la règle, Eddy Mitchell, Johnny Hallyday, Michel Polnareff, ont bénéficié de ses services. Il a bien essayé de se mettre lui-même en lumière avec un single, "She Just Satisfies" sur Fontana en 1965, resté dans l'ombre. Le titre n'est pas absolument nouveau. Il s'agit d'une sorte de version vocale de "Revenge", un instro des Kinks auquel Page participa comme musicien de studio. Le titre est crédité Davies-Page, et selon les sources il s'agirait de Larry Page, producteur des Kinks ou de Jimmy Page. Le mystère n'est pas encore vraiment éclairci à ce jour. Avec Bobby Graham, autre célèbre batteur de studio, et accessoirement producteur, on peut trouver mention de son nom sur l'album "British Percussion" par le London All Star, publié par Barclay en France. Le texte est enthousiaste et lui prédit un grand avenir. Pour une fois ce genre de commentaires ne tape pas dans le vide. Il deviendra un grand nom et cela commence avec les Yardbirds.

ON ECOUTE

Paperback Writer

Over Under Sideways Down

Substitude

Sunny Afternoon

Bus Stop

Get Away

It's A Man's Man's Man's World

Black Is Black

River Deep Mountain High

Out Of Time

Mama

The More I See You

With A Girl Like You

Summer In The City

Good Only Knows

ON PARLE D'EUX

Beatles

Yardbirds

Who

Kinks

Hollies

Georgie Fame

James Brown

Los Bravos

Ike & Tina Turner

Chris Farlowe

Dave Berry

Chris Montez

Troggs

Lovin' Spoonful

Beach Boys

 

 
   
Simple allemand solo Keith Relf
 
   
Second simple allemand avec Shapes In My Mind
 
   
    UNE MUSIQUE DIX ANS APRES
   

La venue du nouveau coincide pratiquement avec un retour en studio pour l'enregistrement d'un nouveau 45 tours. Il va en sortir de grandes choses sous la forme de "Happenings Ten Years Time Ago" et "Psycho Daisies". Au niveau de la création, le premier est sans aucun doute un sacré monument. Qu'il soit élu plus de 35 ans après meilleur titre anglais psychédélique par le Record Collector, montre les traces qu'il a pu laisser. Quel auditeur ne se rappelle les bruits de sirènes, imités par la guitare de Page ou le solo et la voix narrative de Beck au milieu du morceau? Et ce rythme martelé tout au long de ces trois petites minutes de bonheur. C'est une nouvelle fois bien en avance sur son temps, une création qui inspirera bien d'autres amateurs et laissera des traces ineffaçables dans le coeur des fans les plus exigeants. Bien que plus conventionelle, l'autre face "Psycho Daisies" est, elle aussi, une sorte de souvenir agréable dans la discographie des Yardbirds. Très évidemment basée en partie sur le "Somethin' Else" de Eddie Cochran, c'est un jeu de guitares mené rondement par Beck. Le texte est une comparaison entre la valeur, surtout musicale, des villes américaines. Le titre est assez court, mais très efficace. Avec cette session, nous entrons dans la période qui verra l'apparition des musiciens du studio de plus en plus fréquente. Dans "Happenings", c'est John Paul Jones qui s'occupe de la guitare basse, Page étant plutôt occupé à la solo, du fait de la conception du morceau. Par contre, c'est bien lui qui tient la basse sur l'autre titre. Notons au passage, pour ceux qui ne le savent pas, que Jones fera merveille au sein de Led Zeppelin.

Le potentiel du disque est énorme, mais sans doute trop en avance, bien que ce qui lui a manqué le plus, c'est un bon matraquage radio. Le résultat au niveau ventes et classements est assez mitigé. Il entre à peine dans les classements anglais et est ignoré dans beaucoup d'autres pays. Par contre, il est assez bien acceuilli par l'Amérique. où il atteint quant même à la trentième place du Billboard. Il est vrai que la musique psychédélique est encore bien balbutiante en Angleterre, tandis que l'autre côté elle commence à rassembler de plus en plus d'adeptes et déjà pas mal de convaincus. suite

 

Italie
 
USA